Il n'y a rien...
Ces mots résonnent dans ma tête depuis ce matin.
Face à l’immensité de l'océan, c'est cela qui me vient, il n'y a rien, et pourtant tout est là.
Pour la première fois depuis bien longtemps, je n'attends rien, je n’espère rien, je ne projette rien, j’expérimente cette absolue présence à l'ici et maintenant, au vide. Je ne sais pas de quoi sera faite la minute d'après et c'est très bien ainsi.
Il n'y a rien, rien que le vide absolu de l'instant, de maintenant, le champ infini des possibles qui s'étend. Aucun choix n'est nécessaire, seulement l'écoute de ce qui appelle en soi, autour de soi, de ce à quoi on se sent disponible, de ce qui est propice, juste se laisser guider un pas après l'autre dans la création du présent à partir de la présence, de l'être.
Nous passons nos vies à remplir le présent de l’espérance de demain, de l'attente du mieux, de la projection de l'idéal, de la quête du soi, de l'angoisse du choix, de la peine du renoncement et nous nous retenons par la peur ou le jugement.
Nous ne sommes jamais qu'au bord du rivage, à fleur de berge sans jamais y être vraiment.
L’instant n'est rien qu'un espace vide, c'est vertigineux...
Il n'y a rien, rien à attendre ni à espérer, seulement un espace à explorer, à découvrir, à créer.
Il n'y a rien et c'est tout, et c'est le tout...
C'est vertigineux, vraiment, ce vide qui contient l'ensemble des possibles au bord duquel nous nous promenons sans jamais oser y plonger. Pourtant, tout est là...
Y plonger c'est se départir des scories humaines, de la peur certes, mais surtout de tout ce que nous créons et qui n'appartient pas au présent, qui nous en éloigne....
Etre là simplement, s'abandonner dans ce vide fertile de tous les possibles, purifié, aligné, confiant. Finalement c'est ce qu'il y a de plus effrayant et de plus savoureux. S'abandonner, accepter l'ignorance, la perte de contrôle. C'est accepter que le mouvement juste se trouve dans l’immobilité, dans le souffle, dans la seconde qui s’étiole jusqu'à la suivante. Il n'y a rien et c'est tout... Et c'est un vertige joyeux...