On ne va pas se mentir, face à une telle décision, je tergiverse un peu, pourtant ton mon être me dit que c'est le bon choix. Et puis j'en parle bien entendu à mes ami(e)s, et ce sont les mots de mon amie Aurélie qui font tout basculer, elle me dit : « C'est un projet complètement fou, mais ça te ressemble tellement que ça ne peut que marcher ».
C'est ce qu'il me fallait entendre, merci pour ça mon amie et pour tout le reste aussi, tu es précieuse, un support indéfectible, je t'aime d'amour.
Grâce à elle, je passe la première...
Décembre la banque me suit, pour la première fois de ma vie je m'engage, je contracte un crédit sur dix ans. Et oui, j'ai des petits moyens donc des petites mensualités, mais néanmoins, je m'engage en vrai, pour la première fois...
Le va-et-vient entre la peur et l'exaltation s’équilibre dans une forme de conviction intime. A partir de maintenant je n'ai plus rien à craindre, j'ai mon van. Il est ma plus grosse prise de risque et ma sécurité ultime.
Je sais que ce véhicule et ce choix constitueront une voie initiatique, je vous l'ai dit en 2020 j'ai fini un cycle avec les livres, avec Hack Yourself. Le van sera la transition, le lieu de la mutation, je le sais et je le veux. Je suis pétrifiée, mais je sais que c'est ce qui doit être fait.
Il s’appellera Senseï, car il sera mon maître, j'y grandirais, j'y transmuterais, c'est évident, c'est cela qui est le juste choix, je sais que ce sera une voie initiatique. Et c'est ce dont j'ai besoin, me jeter dans le vide, voir ce qu'il y a au-delà de la peur...
Je l'appelle, je prospecte et très vite, il apparaît. Annonce le bon coin, je le vois coup de cœur, je sais que c'est lui.
On est janvier.
J'appelle le garage un lundi, je demande au concessionnaire de me le garder jusqu’au vendredi, seule possibilité de déplacement pour moi, il accepte. Vendredi matin, je rappelle fébrile, j'ai peur qu'il l'ait vendu... Il me répond : « J'ai donné ma parole, il vous attend... » Un concessionnaire qui tient parole... Encore ma bonne étoile.
Mon meilleur ami, mon frère, Gaël, vient avec moi. On en voit d'autres pour avoir bonne conscience, mais lui comme moi, on sait, c'est lui. Gaël me connaît par cœur, il me laisse passer par toutes les couleurs, me rassure, me botte les fesses, m'accompagne dans ce choix si important... Je te suis tellement reconnaissante mon ami, d'être qui tu es et d'être à mes côtés par tous les temps, je t'aime fort, tu sais.
Je signe, c'est fait, le premier est le bon, c'est improbable.
Il n'y a plus de machine arrière possible, mes jambes flageolent, je pleure, de joie, il est là tout prés l'instrument de ma liberté, ce vieux rêves, cette fenêtre ouverte sur les autres (rêves). Il est tellement... Je pleure aussi parce que c'est facile, évident, aucune lutte n'est nécessaire, rien ne résiste. Je ne suis pas habituée à la facilité, ça me déstabilise.
Il est rouge, c'est une ancienne ambulance, un Renault master de 2002 avec seulement 69000 km au compteur, qui sort des ateliers des pompiers de Meurthe-et-Moselle, autant dire qu'une affaire comme ça, ça ne cours pas les rues...
Il est fait pour moi, atypique avec deux portes latérales, rouge et donc tout aussi discret que moi, vieux, mais en forme, une ancienne ambulance pour une thérapeute itinérante.
C'est comme renouer avec la tradition des sorcières ambulantes, c'est comme revenir au fond de mes racines, de mes lignées. C'est lui, on est un duo, ça y est. Je l'aime déjà, à partir de maintenant, c'est Senseï et moi. Sur la route pour le ramener, un arc-en ciel dans mon rétro, on n'est plus tous seuls...
J'ai peur et j'exulte...